De septembre 1939 à mai 1940, pendant la "drôle de guerre", l'armée de l'air française subit de lourdes pertes : 245 aviateurs sont tués pour 387 avions détruits. Le 10 mai, quelque 3000 appareils allemands envahissent le ciel de France pour bombarder aérodromes et ponts stratégiques. Il ne reste alors que 637 chasseurs français, soutenus par une centaine d'avions britanniques, pour résister à l'envahisseur. Malheureusement, cette lutte désespérée est d'autant plus inégale que les Morane 406 et autres Curtiss H-75A ont des performances très en-dessous de celles des Me 109 qu'ils doivent affronter. Churchill, qui doit économiser ses forces aériennes, sait que le conflit s'étendra inévitablement. Il ne peut prendre le risque de lancer plus d'appareils pour défendre la France qui, à partir de juin, ne dispose plus que de 340 chasseurs opérationnels contre 1500 chasseurs et 3000 bombardiers ennemis. Ce déséquilibre sera encore accentué le 10 juin avec l'entrée en guerre de l'Italie aux côtés de l'Allemagne. Lorsque l'armistice du 25 juin entre en vigueur, la chasse française revendique 733 victoires, payées au prix de 852 appareils perdus. Le sauvetage à Dunkerque de 260 000 soldats britanniques pousse Hitler à attaquer la Grande-Bretagne affaiblie. Mais avant d'envisager une invasion, il lui faut tout d'abord se débarrasser de la Royal Air Force qui rendrait toute opération sur la Manche impossible. La France vaincue tombe à pic pour l'implantation de la Luftwaffe qui sera ainsi au plus près des côtes anglaises. Churchill se pose quant à lui en dernier rempart de la démocratie contre le fascisme. Cette bataille sera la première de l'histoire de l'humanité à se livrer exclusivement dans les airs. Ce sera la Bataille d'Angleterre.
Mise à l'épreuve
10 juillet - 7 août. Pour vérifier la combativité de
la RAF, la Luftwaffe procède à des engagements
limités à la périphérie de la zone d'action
du Fighter Command
L'assaut
8 - 23 août. La violence des attaques des pilotes de "Stuka"
(ci-dessous) sur les champs d'aviation du sud de l'Angleterre est terrifiante.
La Luftwaffe perd 403 avions au cours de cette période. Les appareils
allemands pénètrent plus avant à l'intérieur
du pays pour engager le combat.
Révision tactique
24 août - 6 septembre. Les bombardements à répétition
occasionnent la perte de nombreux appareils allemands car les Anglais, grâce
à leurs installations radar, peuvent situer l'ennemi longtemps avant
son arrivée sur le territoire britannique. Ce gain de temps leur
permet de diriger plusieurs escadrilles vers un même point avec précision.
En raison des pertes croissantes de bimoteurs trop lents, Goering
donne l'ordre aux pilotes de Messerschmitt de rester près
des bombardiers pour les escorter au lieu d'attaquer individuellement. Cette
consigne est considérée par tous les spécialistes comme
la grande erreur stratégique de l'Allemagne car l'Angleterre est
alors en situation très précaire : le nombre de Spitfire
et de Hurricane (ci-dessous) est au plus bas.
Bombardements de Londres
7 au 30 septembre. Le 4 septembre, Hitler donne l'ordre à
la Luftwaffe de lancer des attaques contre les populations et les défenses
des villes importantes. Contre Londres en particulier, de jour mais surtout
de nuit. Il s'efforce ainsi de saper le moral de la population. Les bombardements
sur Londres, qui occasionnent de nombreuses victimes civiles, ne réussissent
pas à entamer la détermination des Britanniques.
Hitler avait misé sur une réaction populaire car de mauvaises informations lui avaient laissé croire qu'il existait en Angleterre un nombre relativement important de sympathisants fascistes. Pendant cette période, la Luftwaffe perdra 1653 appareils détruits par les Hurricane et les Spitfire. Des unités spéciales de chasseurs emportant une bombe seront même créées pour pilonner des cibles rapidement avec un moindre risque d'interception.
Dernières tentatives
1er au 31 octobre. En dépit de tous ses efforts, la Luftwaffe n'a
que peu de résultats à présenter en regard des 1653
avions perdus. Des unités spéciales de chasseurs bombardiers
sont créées pour pilonner des cibles rapidement avec moins
de risques d'interception. A la fin du mois d'octobre, la Luftwaffe mettra
fin à ses attaques de jour, réservant ses forces pour procéder
à des attaques de nuit sur des villes industrielles.
415 pilotes britanniques tués, 356 blessés. 915 avions anglais perdus 65.218 sorties aériennes côté britannique |
1733 avions allemands détruits (dont 90% abattus en Angleterre) 27.560 sorties aériennes de la Luftwaffe |
14 621 civils britanniques tués, 20293 blessés
pendant les bombardements intensifs des grandes villes anglaises, en particulier Coventry et Londres. |
C'est pour répondre aux souhaits du Général de Gaulle, qui voulait voir une unité de chasse française combattre aux côtés des Soviétiques, que fut créée fin 1942 l'escadrille Normandie, qui deviendra plus tard Normandie - Niémen car elle participa aux combats pour la traversée du fleuve Niémen. Malgré une hostilité britannique, voire des réticences soviétiques au projet, l'escadrille de volontaires français verra le jour. A leur arrivée à Moscou en novembre 1942, les pilotes durent affronter un hiver particulièrement rigoureux qui rendait la formation sur les appareils soviétiques (Polikarpov et Yak) périlleuse. Ils acceptèrent volontiers vestes, manteaux et pantalons que leur fournirent les Soviétiques, mais tinrent à conserver le blouson bleu de l'aviation française. En octobre 1943, le groupe a déjà à son actif 50 victoires homologuées, au prix de 17 pilotes perdus, parmi lesquels le Commandant Jean Tulasne, abattu le 17 juillet 1943. Parmi les appareils qui ont connu leurs heures de gloire pendant cette période de missions répétitives, il en est un qui, malgré une taille très réduite et un armement insuffisant, marqua les débuts de la guerre en URSS de sa silhouette trapue. L'I-16 fut créé par Polikarpov en 1933 et connut le baptême du feu pendant la guerre d'Espagne.
L'escadrille Normandie - Niémen volait sur le Yakovlev
Yak 3 (ci-dessus), dont plus de 30 000 exemplaires de tous types furent
construits.
- Moteur : 1310 cv
- Envergure : 9,20 m
- Longueur : 8,50 m
- Hauteur : 2,38 m
- Poids au décollage : 2660 kg
- Vitesse maximum : 648 km/h
- Plafond : 10 000 m
- Armement : 2 mitrailleuses synchronisées et 1 canon de 20 mm tirant
à travers le moyeu de l'hélice
L'URSS n'a pas été épargnée par les velléités
de conquête du dictateur allemand. Aidés par les hivers rudes,
les Soviétiques ont résisté à l'envahisseur
en gardant constamment un contact direct avec les armées nazies sur
un front peu profond de plus de 2000 km de long. L'aviation a joué
à la fois un rôle offensif pour frapper rapidement et un rôle
défensif pour contrecarrer les attaques, toujours aux côtés
de l'armée de terre. Les combats se déroulaient généralement
à basse et moyenne altitude contre les objectifs au sol. Les aérodromes
de campagne étaient aménagés au plus près du
front, pour accélérer la vitesse de réaction.Pour encourager
les pilotes à se battre de toutes leurs forces, les dirigeants soviétiques
n'hésitaient pas à décorer des unités entières.Les
meilleures étaient gratifiées du titre glorieux "d'Unité
de la Garde". A la fin de la guerre, 39 divisions et 173 régiments
aériens se prévalaient de cet honneur. L'aviation soviétique
connut elle aussi ses "as" parmi lesquels on peut citer I.N.
Kojedoub qui obtint 62 victoires pour 330 sorties, A.I. Pokrychkine
(59 victoires pour plus de 600 sorties), N.D. Goulaev (57 victoires
pour 240 sorties).Les VVS (forces aériennes soviétiques)
payèrent un lourd tribut à la guerre avec un taux de pertes
de 60% de leurs effectifs, sans distinction de sexe car il n'était
pas rare que les pilotes de bombardiers soient des femmes capables d'en
remontrer à leurs homologues masculins. A visiter : Le Musée
Normandie-Niemen aux Andelys. Rue Raymond-Phelip 27700 Les Andelys Tél
: 02 32 54 49 76.
Ouvert tous les jours sauf mardi. du 1/6 au 15/5 de 10h. à 12h. et
de 14h. à 18h. Du 16/9 au 31/05 de 14h. à 18h.
Dans un pavillon à la sortie de la ville vous pourrez découvrir
l'épopée de ces hommes à travers une importante collection
de souvenirs (documents, photos, objets divers).
En octobre 1944, le Japon est aux abois. Ses troupes d'élite ont toutes été décimées sur les champs de bataille du Pacifique par une armée américaine puissante capable de se régénérer à la fois technologiquement et logistiquement. Bientôt l'armée nippone n'a plus d'autres ressources que d'envoyer au sacrifice ses jeunes recrues fanatisées par une propagande mystique. Le terme Kamikaze signifie "Vent divin". La notion vient du treizième siècle, époque où la flotte sinomongole fut entièrement détruite, précisément par un "vent divin". Les pilotes japonais de 1944 seront surtout utilisés à des fins politiques afin d'offrir aux dirigeants japonais une sortie de la guerre honorable. Que ne ferait-on pas au nom de l'honneur?
Premiers sacrifices
Le 15 octobre 1944, Arima, alors contre-amiral commandant la 26e
flottille, décide de sa propre initiative de lancer une attaque suicide
contre les porte-avions américains. A bord de son chasseur Zero
(ci-dessus), il pique sur le Franklin et s'écrase sur le pont d'envol.
Ce geste au départ isolé va rapidement faire école
auprès d'un état-major en quête de victoires pour améliorer
le moral des troupes japonaises en déroute. Le vice-amiral Takijiro
Onishi deviendra alors le théoricien des Kamikazes. Né
en 1892, il descend d'une famille de samouraï. Il se voue corps et
âme à la carrière militaire, se passionne pour la stratégie
et à la psychologie du soldat. Après la défaite finale,
il suivra la grande tradition des samouraï et se suicidera par "seppuku".
Pour mettre en oeuvre sa grande idée, il part d'une théorie
très simple: les Américains sont en position de force grâce
à leur aviation basée sur des porte-avions. Eh bien détruisons
ces porte-avions avec l'aide des Kamikazes, seuls capables de percer la
défense des puissants navires. Rien ne devrait pouvoir arrêter
un pilote déterminé au sacrifice suprême!
Le premier corps des Kamikazes
Le premier corps des Kamikazes est constitué de fait au mois d'octobre
1944 lorsque le vice-amiral Onishi arrive à l'aérodrome de
Clark Field près de Manille. Il découvre une trentaine d'avions
encore en état de marche et décide d'organiser une attaque
suicide contre les porte-avions qui approchent. Armés d'une bombe
de 250 kilos, leurs réservoirs pleins d'essence inflammable, les
avions devraient faire d'énormes ravages dans le camp américain.
Bien sûr les sacrifiés devront être des volontaires.
Tous les pilotes se proposent pour cette mission suicide et le premier corps
de Kamikazes est né, baptisé au saké comme il se doit.
Trois autres flottilles basées à Luçon fourniront à
leur tour des pilotes. La première attaque a lieu le 21 octobre contre
6 porte-avions devant Leyte. Hasard de la guerre, une attaque surprise des
Hellcats américains sur la base détruit les appareils
japonais au sol. Seul celui du lieutenant de vaisseau Kuno, désigné
pour diriger la première attaque suicide, est encore en état.
Celui-ci fonce derrière les appareils américains, espérant
ainsi découvrir où se cachent les porte-avions ennemis, mais
il est distancé. Dans un dernier élan de rage, Kuno veut écraser
son appareil contre un bateau de transport mais il rate sa cible et tombe
en mer.
Un avion suicide s'écrase sur le pont du Sante
Le 25 octobre, les trois premières sections de Kamikazes comprenant
chacune 5 appareils suicides protégés par 3 chasseurs passent
à l'attaque. Les Américains détectent trop tard l'ennemi
arrivant au ras des flots et le premier avion suicide s'écrase sur
le pont du Santee. Le hangar du porte-avion rempli d'appareils et
d'armements explose, mettant le navire hors de combat. Ce dernier
sera sauvé in extremis mais il ne peut plus prendre part aux combats.
Un autre Kamikaze réussit à percuter le milieu du pont d'envol
du Suwanee, provoquant des dégâts considérables.
A 140 miles au nord de ces premiers sacrifices japonais, une autre flotte
américaine subit des attaques répétées. Le Saint-Lô,
un porte-avion de l'escadre Taffy 3, est coulé avec 114 marins
à bord, détruit par le sacrifice d'un kamikaze qui réussit
à s'écraser sur le pont d'envol, embrasant les munitions qui
exploseront. En quelques heures, les Kamikazes d'Onishi réussissent
là où le sacrifice de centaines d'appareils conventionnels
était jusqu'alors resté inutile.
Des milliers de volontaires
Les meilleurs pilotes japonais devant impérativement rester en vie
pour défendre les villes attaquées par les bombardiers américains,
il faut rapidement trouver de nouvelles jeunes recrues qui se présenteront
par milliers. Côté matériel pas de problème,
les Japonais possèdent un stock important de Zéro et
de Betty. A partir du 30 octobre, plus de 500 Kamikazes sont prêts
à se sacrifier pour l'honneur de leur pays. L'endoctrinement religieux
des Japonais d'alors est tel que les familles des suppliciés semblent
trouver cela tout à fait normal, considérant comme honorable
d'avoir un fils Kamikaze. Avant de partir à la mort, les Kamikazes
envoyaient une mèche de cheveux et une dernière lettre que
recevaient les familles. Ces reliques étaient alors placées
sur l'autel traditionnel des ancêtres.
La folie des hommes
Les Américains ont considérablement renforcé leur défense
aérienne constituée de milliers de pièces de DCA et
d'appareils toujours en l'air prêts à défendre chèrement
leur porte-avion. Le 25 novembre, 25 Kamikazes se sacrifient et réussissent
à traverser les défenses américaines, mettant hors
de combat 5 porte-avions. Dix autres transports de troupe seront détruits
à leur tour à Leyte. 2630 appareils japonais de la marine
percuteront les navires américains, coulant 40 bâtiments et
mettant hors de combat plus de 250 autres (52 porte-avions, 15 croiseurs,
15 cuirassés). Ces sacrifices s'étendront même dans
les rangs des aviateurs opposés au bombardier B-29 au dessus
du sol japonais. A bord de chasseurs lourds Toryu, les aviateurs
montent jusqu'à 10.000 pieds et foncent à la rencontre des
bombardiers avec lesquels ils ne peuvent rivaliser de vitesse. Cette tactique
se révélera efficace mais ne réussira pas à
endiguer le flot des B29 armés de centaines de mitrailleuses et canons.
La marine japonaise mettra au point une sorte de planeur piloté
par un Kamikaze (Oka). Un moteur fusée à poudre capable
de fournir une vitesse de 900Km/h au moment de l'attaque empêchait
la DCA d'ajuster ses coups. Dans les rangs des Kamikazes, on verra aussi
des équipages de sous-marins de poche, des torpilles humaines, des
marins sur les vedettes rapides et des soldats prêts à donner
leur vie pour l'honneur de leur patrie agonisante.
La fin
Le bilan des pertes dues aux Kamikazes est énorme et les Américains
s'attendent à des milliers de nouvelles victimes avant que le Japon
ne capitule. Après un ultimatum commun signé par les Etats-Unis,
le Royaume-Uni et la Chine, le Japon ignorant cette mise en demeure de reddition,
le Président Truman décidera alors de lancer une bombe
atomique sur le Japon. Le 6 août 1945, celle-ci explosera à 580 m au-dessus de l'hôpital
Shima à Hiroshima, avec une puissance équivalente à
12500 tonnes de TNT. Le 9 août, le coup de grâce sera
infligé au Japon à Nagasaki. L'objectif choisi au départ
pour le B29 "Box Car" est Kokura, un important arsenal
militaire. Mais lorsque le bombardier survole l'objectif prévu, une
brume inopportune lui cache la ville. Après trois passages, le Commandant
décide de se détourner vers Nagasaki. A 11h02 heure
locale, "Fat Man" est lancée et explose à 500 m
au-dessus du quartier Urakami, avec une puissance égale à
celle de 22000 tonnes de TNT. Le bilan de ces deux explosions est terrifiant
: le centre d'Hiroshima est entièrement détruit et 78150 personnes
y perdent la vie, la plupart carbonisées par une température
de 6000° au "point zéro". 13982 habitants sont portés
disparus. A plus de 3 km de l'explosion, la population souffre de brûlures
profondes, aux 2e et 3e degrés. Sur près de 10 km, le pourcentage
de destruction atteint les 90%. A Nagasaki, le centre industriel est détruit
à 70% et on compte quelque 35000 morts et 60000 blessés dont
la plupart ne survivront pas aux ravages des radiations.
Après un ultimatum commun signé par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la Chine, le Japon ignore cette mise en demeure de reddition. Le Président Truman décide alors de lancer une bombe atomique dès que possible. Parmi les objectifs possibles, Hiroshima, septième grande ville du pays, se trouve en tête de liste. Viennent ensuite Kyoto, Kokura, Niigata et Nagasaki. Les militaires insisteront pour retenir Hiroshima car la ville, qui n'a subi que peu d'attaques aériennes, est restée en bon état. Tous les dégâts consécutifs à un bombardement nucléaire seront donc entièrement attribués à la bombe, ce qui permettra une évaluation exacte de sa puissance. Autres points importants :située sur le delta de la rivière Ota, la ville n'offre aucun relief susceptible de faire obstacle aux effets de la bombe. A moins de 2 km du point d'impact choisi se trouvent des bâtiments commerciaux à plusieurs étages particulièrement bien adaptés à une étude approfondie des effets dévastateurs.
Le départ
Le 4 août, les équipages des bombardiers B-29 Superfortress
(ci-dessous) sont informés de leur mission spéciale et un
film sur une explosion expérimentale leur est même projeté.
Le 5 août, la météo annonce des conditions favorables pour le lendemain. Trois appareils sont préparés pour un décollage au petit matin du 6 août. L'Enola Gay (ci-dessus) est choisi pour lancer la bombe à l'uranium. Si le ciel au-dessus d'Hiroshima se bouchait, Kokura ou Nagasaki feront l'affaire... A 1h10 du matin, trois avions météo s'envolent pour surveiller les objectifs potentiels. L'Enola Gay décolle à son tour de Tinian à 2h45, piloté par le Colonel Paul W. Tibbets. Le Capitaine Theodore J. van Kirk est chargé de la navigation. Le Major Thomas W. Ferebee est le bombardier, tandis que le Capitaine William Parsons est chargé d'armer la bombe. A 3h, Parsons se glisse dans la soute et un quart d'heure plus tard, "Little Boy" est prête. A 8h09, heure locale, les membres de l'équipage au grand complet mettent les lunettes de protection, et à 8h11, Tibbets entame l'approche à vue. 8h15 :le Major Ferebee annonce dans la radio :"Bombe larguée !" et le pilote fait demi-tour pour s'éloigner de la ville. Cinquante secondes plus tard, la bombe explose à 580 m au-dessus de l'hôpital Shima, avec une puissance équivalente à 12500 tonnes de TNT. Le B-29 revient sur la zone de largage pour la survoler pendant deux minutes. Hiroshima n'est plus qu'une énorme montagne de fumée qui prend la forme d'un champignon, tandis qu'une masse de poussière tourbillonne au-dessus du sol rougeoyant.
Coup de grâce
Le 9 août, le coup de grâce sera infligé au Japon à
Nagasaki. L'objectif choisi au départ pour le B29 "Bock's Car"
est Kokura, un important arsenal militaire. Mais lorsque le bombardier survole
l'objectif prévu, une brume inopportune lui cache la ville. Après
trois passages, le Commandant décide de se détourner vers Nagasaki.
A 11h02 heure locale, "Fat Man" est lancée et explose
à 500 m au-dessus du quartier Urakami, avec une puissance égale
à celle de 22000 tonnes de TNT. Le bilan de ces deux explosions est terrifiant
: le centre d'Hiroshima est entièrement détruit et 78150 personnes
y perdent la vie, la plupart carbonisées par une température de
6000° au "point zéro". 13982 habitants sont portés
disparus. A plus de 3 km de l'explosion, la population souffre de brûlures
profondes, aux 2e et 3e degrés. Les experts peuvent être satisfaits
:sur près de 10 km, le pourcentage de destruction atteint les 90%. A
Nagasaki, le centre industriel est détruit à 70% et on compte
quelque 35000 morts et 60000 blessés dont la plupart ne survivront pas
aux ravages des radiations.